Vendredis Quanti : le programme du séminaire 2024-2025
Faisant désormais mieux que Lost (2004-2010) et Downtown Abbey (2010-2015), et bientôt aussi bien que Buffy contre les Vampires (1997-2003), les Vendredis Quanti entament leur septième saison, en consacrant cette année une grande partie de leur programme aux « petits nombres »… Autre nouveauté, nous serons cette année accueilli·es par la Maison des sciences humaines Alpes, toujours sur le campus de Saint-Martin-d’Hères.
Nous vous proposons de découvrir ce programme ci-dessous, et dans les deux documents joints que vous pouvez largement diffuser !
Cordialement,
Pierre Mercklé, pour l’équipe des Vendredis Quanti
Les Vendredis Quanti sont un atelier de discussion et de travail collaboratif autour des méthodes quantitatives dans les sciences sociales. Chaque atelier est introduit par une présentation autour de questions relatives à la collecte et à l’analyse des données quantitatives. La seconde partie de chaque séance est consacrée à une discussion libre au cours de laquelle chacun·e peut soumettre au débat un problème de traitement de données ou travailler sur ses données en bénéficiant des conseils des autres participant·es.
Cette année, le séminaire consacre une partie importante de son programme à la « statistique des petits nombres », autrement dit à l’analyse quantitative des petits échantillons et des populations de faible effectif.
| 15 novembre | Brianne Dubois (CSO) : Quantifier la population de nébuleuses professionnelles. L’exemple des artistes, des intermédiaires culturels et des techniciens de l’art contemporain La communication présentera le travail méthodologique mené pour décrire la morphologie, professionnelle et sociale, de trois groupes professionnels de l’art contemporain : les artistes exposés en Ile-de-France, les intermédiaires de l’art contemporain et les techniciens des expositions. Les grandes enquêtes de la statistique publique saisissent mal ces professions qui prennent la forme de nébuleuses faiblement institutionnalisées, de petite taille, et dont les membres changent de métier, voire en exercent plusieurs à la fois. La communication présentera la façon dont j’ai mis en place des méthodes adaptées à chacune des nébuleuses professionnelles auxquelles je m’intéresse dans ma thèse et produit trois bases de données : la base Artistes exposés en Ile-de-France 2016-2020 (Artistes Expo IdF 2016-2020), la base LinkedIn Art Contemporain Ile-de-France 2020 (LAC IdF 2020) et la base Œuvrière 2022. Elle discutera les enjeux de la construction d’une population (plutôt que d’un échantillon), la façon dont le scraping d’un réseau social comme LinkedIn peut être mené pour cela, et enfin quelles méthodes statistiques, inférentielles ou non, peuvent être mobilisées pour étudier ce type de populations. |
| 29 novembre | Thomas Aguilera (IEP Rennes, ARENES), Tom Chevalier (CNRS, ARENES) : Le poids des méthodes mixtes en sciences sociales. Boum, timide progression ou illusion ? Une analyse systématique de l’usage des méthodes mixtes dans les revues internationales de science politique (2000-2024) Les auteurs travaillant sur les méthodes mixtes tendent depuis peu à soutenir l’idée d’un boom de la recherche par méthodes mixtes (MM) en sciences sociales et notamment en science politique – les méthodes mixtes désignant globalement l’articulation de méthodes qualitatives et quantitatives dans un même projet de recherche. Néanmoins, certaines analyses empiriques et systématiques de la littérature ont montré que, malgré une indéniable expansion des MM, leur poids reste faible face à la domination des méthodes quantitatives. Dans cette présentation, nous abordons cette question en fondant une réflexion théorique sur les modèles de recherche par MM sur une analyse empirique originale de la littérature. Tout d’abord, nous codons les méthodes utilisées dans 3 revues de science politique selon leur dominante qualitative, quantitative ou mixte. Nous appliquons ensuite des techniques d’apprentissage automatique sur un corpus de plus de 10 000 abstracts des principales revues internationales de la discipline, afin d’identifier les méthodes utilisées et leurs évolutions au cours du temps (20 ans). Les données montrent que la recherche en méthodes mixtes représente encore une très petite minorité des articles publiés, malgré une légère augmentation au cours des dernières années. Les données montrent également un développement différentiel des MM dans la littérature. Nous formulons différentes hypothèses sur les facteurs stimulants ou freinant le développement des MM. |
| 6 décembre | Fernando Núñez-Regueiro (LARAC) : Comment modéliser des effets réciproques dans le temps ? Introduction aux modèles croisés-décalés « nouvelle génération » Qui, de la poule ou de l’œuf, vient en premier ? De nombreuses études explorent les relations réciproques dans le temps, cherchant à déterminer si la relation est unidirectionnelle (X influence Y) ou bidirectionnelle (X influence Y, qui influence ensuite X). Par exemple, la sensibilité politique favorise-t-elle l’engagement citoyen, ou est-ce l’inverse ? Pour y répondre en contexte naturel, les études utilisent des données longitudinales afin d’estimer si des évolutions en X conduisent à des évolutions en Y (ou inversement). Traditionnellement, les modèles à niveau initial contrôlé (effet de X à T1 sur Y à T2, en contrôlant Y à T1) et surtout les CLPM (modèles autorégressifs croisés-décalés) ont été considérés comme les plus appropriés. Cependant, des avancées techniques montrent que ces modèles traditionnels peuvent créer des artefacts statistiques, où des corrélations apparaissent comme des effets directionnels (faux positifs). Dans cette présentation, j’expliquerai dans quelles conditions cela se produit et comment y remédier pour renforcer l’analyse et l’interprétation causale des effets réciproques. |
| 17 janvier | Pierre Bataille (UGA, LARAC) : Mettre les petits nombres dans les grands : l’ajout d’individus supplémentaires dans les analyses factorielles |
| 31 janvier | Lucie Wicky (EHESS, INED) : Les violences sexuelles subies par les hommes au cours de la vie. Bricolages statistiques sur un phénomène rare |
| 21 février | Sonia Chardonnel (PACTE) et Alice Menin (Université Côte d’Azur) : Comprendre les mobilités quotidiennes : collecter, visualiser, analyser des données spatiales et temporelles |
| 21 mars | Constantin Brissaud (SAGE) et Tatiana de Feraudy (CESSP) : Big ou small data ? L’usage des données du réseau social LinkedIn pour la recherche en sciences sociales La communication présente les nombreuses opérations précédant le traitement quantitatif de données biographiques collectées automatiquement sur Linkedin (nettoyage des données, codage, tri, définition de catégories, et autres choix méthodologiques spécifiques). Elle interroge également les « identités stratégiques » (Collovald, 1988) numériques d’échantillons d’acteurs prélevés dans des enquêtes différentes : expert·es de l’Union Européenne ou agents impliqués dans la “civic tech”, et conclut par des propositions méthodologiques générales pour ce type de source. |
| 4 avril | Melvil Boschel (EHESS, CESSP) : Que nous disent 60 individus ? Quantifier précisément un style corporel, mais sur un faible échantillon non probabiliste. L’étude de la différenciation sociale de la façon de marcher par un dispositif singulier de capture de mouvement (motion capture). Cette présentation est basée sur un doctorat en cours en sociologie de l’incorporation, qui porte sur la façon dont le monde social façonne notre manière de marcher. La communication est centrée sur le dispositif d’enquête à l’échelle de l’espace social, qui a pour singularité, pour la sociologie, d’être une capture du mouvement (motion capture). Des individus volontaires sont recrutés pour participer à l’étude dans laquelle une capture de mouvement de leur démarche est réalisée, à l’aide de caméras infrarouges et de marqueurs disposés sur leurs corps, au sein d’un gymnase dédié. Le propos s’axe sur une réflexion autour des apports et des limites de ce dispositif pour penser la question de la différenciation sociale de cette technique du corps, à partir d’un échantillon de petite taille, non probabiliste mais empirique. |
| 18 avril | Kylian Godde (CNRS) et Gaëtan Thomas (Sciences Po, CSO) : Petits nombres en santé, socio-histoire d’une statistique médicale alternative Les mondes de la santé foisonnent de nombres de diverses qualités. Nous proposons la notion de petits nombres pour rendre compte de l’importance d’opérations de quantification faiblement adossées aux normes statistiques. Il s’agit d’analyser, avec les outils classiques de la socio-histoire de la quantification, les méthodes de production de ces nombres, les rapports qu’ils entretiennent avec la modernité statistique, et leur capacité à satisfaire des attentes malgré leur manque de sophistication. Nous présenterons notre démarche de recherche et ses principaux résultats, en nous appuyant sur un numéro de revue à paraître dans la Revue d’Anthropologie des Connaissances. |
| 9 mai | Solenne Roux et Nicolas Pillaud (Université de Bordeaux, LabPsy) : La puissance statistique comme élément de définition des tailles d’échantillon en statistique inférentielle Afin de contribuer à définir ce qu’est un petit échantillon, nous présenterons l’apport des calculs de puissance statistique en SHS. L’idée n’est pas de partir d’une valeur seuil selon les tests inférentiels employés, mais d’établir un calcul permettant de savoir quelle taille d’échantillon sera nécessaire, en fonction du test envisagé, et de la grandeur de l’effet estimé. La présentation s’articulera en trois parties. Nous débuterons par un retour historique sur le développement des calculs de puissance statistique en SHS. Puis, nous présenterons la définition mathématique de la puissance statistique et son lien avec la taille d’effet. Pour terminer, nous exposerons des exemples, concrets sous R, de calculs de puissance statistique selon différents tests d’inférence habituellement utilisés en SHS (ANOVA, Régressions, etc.). |
| 23 mai | Eliot Forcadell (PACTE) : Pratiques culturelles et conversation en réseaux Cette présentation vise à discuter des premiers résultats d’une recherche de thèse portant sur la structuration des sociabilités culturelles ordinaires et leur transcription dans les nouveaux espaces de conversation numériques. Elle reviendra sur les enjeux d’une collecte de données de réseaux au cours d’un entretien semi-directif, et de l’exploitation de ce type de données dans un cadre méthodologique mixte plus large. |
Responsables : Sandrine Astor, Gilles Bastin, Guillaume Collain, Eliot Forcadell, Pierre MerckléHoraire : deux fois par mois, le vendredi de 14h à 16h.
Lieu : salle Jean-Léon Beauvois, MSH Alpes (rez-de-chaussée), 1221 Rue des Universités, 38610 Gières.
Accès libre sans inscription. Les séances sont également diffusées sur Zoom en direct : https://bit.ly/vqzoom
Contact : pierre.merckle@univ-grenoble-alpes.fr
Pour plus d’informations, abonnez-vous à la liste de diffusion :
https://listes.univ-grenoble-alpes.fr/sympa/info/seminaire-vendredis-quanti
ou retrouvez-nous sur le carnet Hypotheses :
https://quantigre.hypotheses.org
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Pierre Mercklé (18 octobre 2024). Vendredis Quanti : le programme du séminaire 2024-2025. Les Vendredis Quanti. Consulté le 15 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12j5e
